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solidarité, Burkina Faso

les femmes connaissent et exploitent tous les fruits sauvages

Vous connaissez les chitoumous et le weda ! Vous connaissez
le balanitès !

Et le cous-cous de nénuphar, le
connaissez-vous ?

Depuis quelques temps, à chaque foire agricole ou journée alimentaire, il y a un stand ou deux qui présentent des « produits forestiers non ligneux ». La première fois, cela m'a fait sourire.

J'ai trouvé l'expression « produits forestiers non ligneux » un peu pompeux, compliqué pour parler simplement de « fruits sauvages », les
fruits (fruits, feuilles, fleurs, amandes...) des arbres de la brousse ! J'ai
pensé à quelques-unes de mes amies paysannes. Je me demandais comment elles réagiraient si je leur demandais : savez-vous que vous êtes des opératrices économiques spécialisées dans l’exploitation des produits forestiers non ligneux !

Promotion desProduits Forestiers Non ligneux Au premier plan, "les chitoumou"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis longtemps, depuis toujours (?), les femmes
rurales exploitent les produits forestiers non ligneux. Cela a commencé avant la
naissance de l'agriculture, quand les hommes vivaient de la cueillette. Mais
aujourd'hui encore, l'exploitation des fruits des arbres de la brousse reste une
activité économique importante, notamment pour les femmes du monde rural.

La plus connue et la plus importante, au Burkina Faso, reste l'exploitation
des fruits du Karité. La pulpe des fruits est très appréciée, et les amendes des
noix servent à faire du beurre qui est souvent l'essentiel de la graisse
utilisée dans l'alimentation. Une grande partie du beurre est auto consommée par
les burkinabè. Malgré cela, le karité est le quatrième produit d'exportation
(après l'or, le coton et les produits de l'élevage). En 2007, année
exceptionnellement bonne, le Burkina a exporté pour près de 16,6 milliards de
FCFA d'amendes de karité, et pour près de 700 millions de beurre.

Mais le karité ne donne pas que des noix. Dans l'ouest du Burkina, au début
de l'hivernage, les femmes vont secouer les branches de karité pour recueillir
des milliers de larves dont raffolent les gourmets et qui se vendent à prix
d'or : les chitoumous. Heureusement, c'est quand l'arbre a donné tous ses fruits
que les chenilles apparaissent et dévorent toutes feuilles du karité. Autrefois
« réservées » aux Bobo, aujourd'hui ces chenilles sont appréciés par tous... et
les prix montent. A Bobo, les commerçantes en chitoumou ont un revenu journalier
variant de 2 500 F à 5 000 F.

Le baobab est également très généreux. Ses feuilles, fraîches ou sèches
servent pour la sauce. Ses fruits, appelés parfois « pain de singe » (les singes
en sont très friands) sont riches en vitamines B1 et C). Ils servent aussi à
fabriquer une excellente boisson.

Les fruits du néré sont très recherchés. Ses graines sont utilisés dans la
fabrication du soumbala, une sauce très riche en vitamine.

Les fruits du tamarin servent à fabriquer différents jus ou sirop. Les
feuilles sont utilisées dans la préparation du tô et de sauces.

Certaines lianes donnent des fruits (appelés weda en moore) qui sont très
appréciés et qui permettent de fabriquer un excellent sirop.

Le kapokier rouge (ou faux-kapokier ou encore Bombax costatum) est un arbre
atteignant 5 à 15 m. Il fleurit en saison sèche avant l'apparition des feuilles.
Le calice de la fleur est utilisée dans la confection d'une sauce très
appréciée, de texture gluante. A notre que la récolte excessive des fleurs peut
être problématique pour le renouvellement de l'espèce, en empêchant la formation
de graine

Le zamenga (nom moore du Acacia macrostachya) donne des fruits dont
les graines contenues dans une gousse sont bouillies et mangées (zamnè) comme le
haricot local en famille ou lors des cérémonies festives (baptêmes,
mariages).

Madame Juliette
Kongo dans son village Madame Juliette
Kongo dans son musée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Balanites aegyptiaca est moins connu. Pourtant ses fruits sont très appréciés. Ils sont consommés un peu comme une datte. D'où le
nom de « dattier sauvage » donné parfois à l'arbre. Mais les vertus de cette
« datte » sont multiples. A Fada N'Gourma, Madame Rose Matie Thiambano a
commencé par en extraire de l'huile... puis elle a mélangé cette huile avec du
beurre de karité. Aujourd'hui, elle commercialise de nombreux produits dont une
crème qui a beaucoup de succès auprès des paysannes de la région qui ont les
pieds desséchés par le climat sec et chaud. Elle a créé une association appelée
« Karie Force ». Les 1000 collaboratrices de Karie Force ont formé des petites
unités de récolte et de production. Les cueilleuses ramassent au pied des arbres
les dattes et les noix de balanitès qui tombent lorsqu’elles arrivent à
maturité. (Un arbre de Balanites aegyptiaca peut produire 10 000 dattes par
année). (Source : Un document du PNUD sur les produits
forestiers non ligneux au Burkina Faso
).

Madame Juliette Kongo connaît très bien le balanitès. Elle a même participé
au concours de cuisine de la Semaine Nationale de la Culture, à Bobo. Elle y a
présenté des boulettes de « tchagla » (balanitès) Elle nous explique sa
préparation : « dans un premier temps, il faut casser les graines de
balanites, les faire bouillir avec une feuille d’un autre arbre pour faire
partir le goût amer. On prend ensuite trois poulets écrasés ou hachés pour
mélanger dans la farine de petit mil. On fait la pâte avec les épices pour avoir
un bon goût et enfin l’on confectionne de petites boules avant de passer à
l’huile pour la friture »
.

Madame Juliette
Kongo présentant les graines de nénuphar et la farine Le cous-cous de
nénuphar et sa sauce

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je suis allé à la rencontre de Madame Juliette Kongo dans son village d'origine (Wagesetenga) près de Ziniare où elle a mis en place
une association « Taab yînga) qui fait la promotion des produits forestiers non
ligneux. Elle avait justement en main un plat de feuilles de haricots et
d'amandes de balanitès. Elle m'a fait visiter son musée de la femme... Puis elle
a éveillé ma curiosité en me parlant d'un de ses plats favoris dont le : « le cous-cous de nénuphar ». C'est ainsi qu'un soir,
elle m'a invité dans sa famille, à Ouagadougou, pour y découvrir ce fameux
cous-cous, fais à partir de graines de nénuphars(à récolter en décembre et
janvier). Je n'ai pas été déçu : le cous-cous était très bon, et de plus, la
sauce était excellente.

Je m'arrête là, bien que le sujet n'ai pas épuisé. Chaque produit forestier
non ligneux mériterait une ou plusieurs lettres. Je vous souhaite, entre autres,
d'avoir l'occasion de déguster dans un proche avenir un cous-cous de nénuphar
avec une sauce à base de chitoumou, accompagné de boulettes de poulets au
balanitès.

Koudougou, le 13 août 2012



19/08/2012

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