La XIVe édition de la Journée nationale du paysan (JNP) s'est tenue a Ziniaré, ville natale du Président du Faso. Il ne faut donc pas s'étonner si elle a vu une mobilisation sans précédent. Comme chaque année, le temps fort de cette célébration a été le traditionnel débat entre les paysans et le Président. A cette occasion, le président de la Confédération Paysanne du Faso (CPF), M. Dao Bassiaka, a pris la parole.
Son intervention a d'abord porté sur le thème de l'eau, puis sur les changements climatiques. Ensuite le président de la CPF a interpellé le président du Faso sur l’investissement dans l’agriculture et l’accès des producteurs aux crédits en ces termes :
« En dépit de nos multiples actions de plaidoyer pour un accès des producteurs burkinabè à un crédit au taux bonifié à 7% et à des conditions assouplies, accéder à un crédit pour un producteur burkinabè, même modèle, reste toujours difficile. A cet égard, les Organisations Paysannes Faîtières proposent la création d’une Banque Agricole à capitaux mixtes et ouverte à l’actionnariat paysan. Ceci voudrait dire que tout paysan burkinabè pourrait s’acheter des actions et être copropriétaire de cette banque. Nous nous tenons, Excellence, à votre disposition pour mûrir cette réflexion. »
Ensuite M. Dao Bassiaka aborda la question de l'accès aux medias du service public :
« Nous aimerions plaider à nouveau pour un accès des populations rurales aux médias d’Etat qui sont des médias de service public pour mener nos actions de sensibilisation et de promotion des produits locaux. Lors de la 12ème Journée Nationale du Paysan tenue à Bobo, le ministre en charge de la communication nous avait promis une télévision. 24 mois après, nous connaissons tous le constat : pas de télévision rurale.
C’est pourquoi, Excellence, Monsieur le Président du Faso, nous souhaitons disposer à titre gracieux de : · 30 mn d’antenne par mois à la télévision nationale ; · 30 mn d’antenne par mois à la radio nationale · Une heure d’antenne par mois à la radio rurale · Et pour terminer, une page par mois dans le quotidien Sidwaya »
Enfin, la question de la responsabilité de l'organisation de la Journée Nationale du Paysan (JNP) a été posée : « Depuis Kaya, l’option avait été prise de responsabiliser les organisations paysannes dans l’organisation de la JNP. Aujourd’hui, nous prions votre clémence afin que dès l’édition prochaine, les organisations paysannes soient progressivement impliquées dans l’organisation de la journée du paysan afin qu’à terme l’organisation de la JNP leur soit entièrement confiée. » (fin de citation)
Ainsi, on ne pourra plus dire que la Journée Nationale du Paysan est mal nommée. On ne pourra plus dire qu'il s'agit plutôt de la Journée du Président. Et surtout, cela permettra aux organisations paysannes de se renforcer, de profiter de ces journées (car depuis plusieurs années "cette journée" s'étale sur plusieurs jours) pour former ses leaders, et enfin de mieux faire connaître ses réalisations et ses besoins.
Koudougou, le 6 mars 2010 Maurice Oudet Président du Sedelan |