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solidarité, Burkina Faso

le Burkina en octobre 2015 dans la presse

                      Situation nationale : On a frôlé le chaos. Que force reste à la loi !

vendredi 2 octobre 2015

Le Burkina revient de loin. De justesse, le pays à évité le spectre de la guerre civile. Le mérite de cette paix retrouvée et pour la consolidation de laquelle on croise les doigts revient à l’armée. Les officiers toutes tendances confondues ont fait preuve de responsabilité.

D’abord les officiers loyalistes, chefs des différents corps d’armée qui sont venus des provinces à Ouagadougou. Ils auraient pu avec leurs troupes, foncer tout de suite sur le camp Naaba Koom pour y déloger les putschistes. Mais ils ont préféré la négociation. Ensuite les officiers putschistes, quand ils ont compris que le reste de l’armée n’adhérait pas à leur coup de force, encore moins les populations burkinabè et la communauté internationale, ils ne se sont pas entêtés dans l’erreur.

Les quelques éléments irréductibles qui voulaient résister au désarmement n’ont pas reçu une oreille attentive de la part du général Diendéré. Ils ont fini par abandonner leurs positions sans combattre, si fait que l’assaut des forces régulières n’a été que des coups de semonce dans un camp Naba Kom totalement désert, apprend-t-on de bonne source. Débandade ou refus réfléchi du combat ? Allez-y savoir. En tout cas, l’absence de combat explique le miracle de zéro mort, zéro blessé, zéro prisonnier. Le combat n’a pas eu lieu faute de combattants en face des troupes loyalistes. Le gouvernement fait de la communication en conviant la presse devant l’entrée principale du camp Naba Kom pour publier une déclaration de victoire ronflante. Comme on le comprend ! Il revient de loin.

Somme toute, la dissolution du RSP aura induit plus de peur que de mal pour la cohésion de l’armée nationale. Un mythe est tombé. Le RSP qui passait pour un corps d’élite de l’armée burkinabè, au fil du temps, a délité progressivement sa propre image. Le coup d’Etat avorté du 17 septembre lui aura été fatal. C’est comme si, qui dirait, le général Diendéré, avait offert la tête du RSP sur un plateau d’argent aux insurgés qui demandaient sa dissolution au lendemain des événements des 30 et 31 octobre 2014. Une revendication qui se fera de plus en plus pressante avec la perturbation des conseils des ministres en décembre 2014 et février 2015. Un comportement ubuesque de la part du RSP totalement en porte à faux avec l’image d’une troupe d’élite disciplinée qu’on avait de lui.

Il est vrai que les affaires dites David Ouedraogo et Norbert Zongo avait plus que écorché cette réputation surfaite de professionnalisme des soldats du RSP. Car, des soldats qui torturent et tuent des civils, même en période de guerre, encore moins en période de paix, sont loin d’agir en professionnels. Et pour appeler un chat un chat, le RSP en tant que héritier du CNEC, centre national entrainement commando de Pô, a été un instrument de prise et de conservation du pouvoir aux mains de Blaise Compaoré et de ses fidèles lieutenants dont le général Gilbert Diendéré. Blaise Compaoré parti du pouvoir dans les circonstances que l’on sait, le RSP, a néanmoins tenté de gagner au change en plaçant le lieutenant colonel Yacouba Isaac Zida à la tête de l’état. Mal lui en pris, car ce dernier, s’est révélé par la suite incontrôlable et le décret n° 2015 – 1052 /PRES- TRANS du 25 septembre 2015 a désigné le vainqueur du bras de fer qui opposait le premier ministre à ses anciens compagnons d’armes.

On ne pleurera pas le sort du défunt régiment de sécurité présidentielle mais faut-il maudire tous les soldats qui y ont servi ? Bien sûr que non ! Ce corps a certainement compté dans ces rangs des hommes valeureux pétris d’un savoir faire militaire et d’un savoir être humain qui ne devraient pas être perdu comme capital d’expérience au service de toute l’armée. C’est pourquoi, il faut se réjouir que le gouvernement de la transition n’ait pas traité les soldats qui y travaillaient comme des rebelles ou des mutins à extirper des rangs de l’armée nationale. La réaffectation de ces soldats à d’autres tâches militaires que celles relatives à la sécurité présidentielle est une bonne chose. A ces soldats de faire la preuve qu’ils savent être autre chose que faire les barbouzes des hommes forts du moment.

En attendant cette reconversion, c’est une fin pas du tout glorieuse pour ce corps qui aura fait passer de très mauvais moments aux Burkinabè et aux Ouagalais. Ce sont des vies fauchées, des biens détruits, du temps perdu pour toute la nation, comme l’a lui-même reconnu le général Gilbert Diendéré. Difficile alors de parler de réparation. Mais les nécessaires compensations de ces pertes peuvent être envisagées dans le cadre du traitement des dossiers des crimes de sang suivant les propositions et recommandations faites par la commission de réconciliation nationale et des reformes politiques.

Pour les cas que devrait connaitre la justice, au juge d’instruction et à la commission d’enquête ad hoc annoncée par le gouvernement de faire leur travail en toute impartialité, on l’espère, loin des chapelles et autres lobbies politiques qui voudraient se saisir de cette affaire pour régler des comptes à des adversaires gênants.

D’ores et déjà on a entendu des énormités sur des collusions éventuelles entre putschistes et certains partis politiques voir des alliés étrangers. Dans le principe, tout accusé est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée devant les juridictions compétentes et la preuve de la culpabilité appartient à celui qui accuse. Malgré la gravité de la forfaiture des putschistes du RSP, que force reste à la loi et que rien ne vienne éluder ce sacro-saint principe de la rigueur judiciaire. Si le gouvernement de la transition veut continuer de se donner en exemple à l’Afrique et au reste du monde, qu’il laisse toute latitude aux compétences judiciaires de conduire l’instruction de ce dossier de coup d’état avec professionnalisme.

En attendant, le mythe du RSP est tombé par ses propres turpitudes d’hier et d’aujourd’hui. Cela ne devrait pas faire oublier au Burkina que l’existence de corps d’élite dans les différentes composantes des forces de défense et de sécurité, est une nécessité de sureté nationale surtout pour un pays enclavé avec six frontières à protéger, qui plus est, dans un contexte sous régional marqué par des attaques terroristes. A bon entendeur, salut.

Derbié Terence Somé

Lefaso.net

 



31/10/2015

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